Ô jeunes lances, vous cèdres rouges qui veillez sur le sommeil d'émeraude des géants comme des espèces perdues englouties dans la lente luxure des marécages et sans merci comme des gaines d'une mousse qui des plus anciens vénéfices semble être l'écume — sur le rêve peluché de ces ancêtres vautrés dans le fuligineux baquet des tourbières, pris dans les filets des marchanties et des grenouillettes, traités en sauriens et parfois pavoisés de feuilles innocentes, cèdres rouges et blancs bouleaux, vous qui perpétrez le chant d'orage des foudroyés des équinoxes et de ceux enfin qui se riaient dans leur écorce des frayoirs d'un siècle après l'autre et de la gourme des quatre vents, pour un jour céder sous la houppelande d'un hiver interminable — cèdres rouges et blancs bouleaux qui sauvez l'arche et l'arc en terre du sang vert — vous savez tout de ces succombés ventousés par l'exténuante caresse de l'amadou, des grands brisés, roulés dans les suaires squameux du gluten par l'inexorable patience du marais qui à la seule lueur des feux-follets et sous l'œil indifférent du lynx distille du terreau le protéique élixir, cette eau noire et grasse.